PÉTITION "POUR UN AIR PUR À VAL-DAVID"
La combustion du bois, que ce soit dans des poêles, des foyers ou des feux extérieurs, soulève de plus en plus d’interrogations concernant ses impacts potentiellement graves sur la santé des populations. Dans un contexte local comme Val-David, où la topographie en vallée, les inversions thermiques et la forte culture de la combustion du bois favorisent l’accumulation des polluants, cet enjeu mérite une attention particulière.
Il est courant de penser que la fumée de bois est moins nocive que celle issue de sources industrielles ou automobiles, en raison de son origine naturelle. Cependant, ce n'est pas parce qu'elle est issue d'une tradition ou qu'elle est naturelle que sa fumée est moins nocive pour la santé et qu'elle est adaptée à la vie dans nos sociétés contemporaines rassemblant plusieurs millions d'habitant.es.
La fumée, indépendamment de sa provenance, est nocive. Les études démontrent clairement que la combustion du bois à des fins de chauffage résidentiel est une source majeure de pollution de l'air en hiver, surpassant souvent, en région notamment, les émissions industrielles. Dans le cas de Val-David, la fumée de combustion du bois de provenance locale est de loin la source d'émission de polluants de l'air la plus importante en saison froide.
Vivre dans un village enclavé dans une vallée où l’air stagne pendant l’hiver, amplifiant ainsi l’accumulation de fumée provenant des foyers au bois, pourrait avoir des conséquences significatives sur l’espérance de vie des résident.e.s. La fumée de bois est riche en particules fines (PM2.5), en monoxyde de carbone, en composés organiques volatils et en hydrocarbures aromatiques polycycliques, tous reconnus pour leurs effets délétères sur la santé.
De nombreuses études ont démontré que l’exposition prolongée à des niveaux élevés de particules fines est associée à une augmentation des maladies respiratoires chroniques, des maladies cardiovasculaires et des cancers. Ces affections sont directement liées à une réduction de l’espérance de vie. En extrapolant ces résultats, on pourrait formuler l’hypothèse que vivre dans une communauté fortement exposée de façon répétée et prolongée à la fumée de bois, comme un village en vallée ayant une forte culture du feu, pourrait entraîner une diminution de l’espérance de vie de quelques années, même chez des individus initialement en bonne santé.
Lors des épisodes de pollution de l’air, on pense souvent aux effets à long terme, mais des effets à court terme peuvent également survenir. Les efforts physiques du quotidien, comme le déneigement et toute forme de travail extérieur, peuvent représenter un risque important pour la santé, en particulier pour les personnes vulnérables. Inhaler davantage de polluants peut aggraver des conditions comme l’asthme ou augmenter le risque de complications cardiovasculaires.
C’est pourquoi, en attendant une réglementation efficace, la mise en place d’un système d’alerte permettant d’indiquer les périodes à risque élevé est essentielle. Informer la population des moments où la pollution atteint des seuils préoccupants permettrait d’éviter des expositions inutiles et de mieux planifier ces activités physiques.
Les PM2,5 sont des particules d'un diamètre inférieur à 2,5 micromètres, capables de pénétrer profondément dans les poumons et de passer dans la circulation sanguine. Une exposition prolongée ou répétée à ces particules peut entraîner :
Des inflammations des voies respiratoires, exacerbant des conditions comme l'asthme et la bronchite chronique.
Une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires, y compris les cardiopathies ischémiques et les accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Un risque accru de cancer du poumon.
Selon l'Association pulmonaire du Québec, l'exposition aux particules fines issues de la combustion du bois est associée à une hausse des hospitalisations pour des problèmes respiratoires et cardiovasculaires.
Association pulmonaire du Québec
Les COV et HAP sont des substances chimiques présentes dans la fumée de bois, dont certaines sont classées cancérigènes. Ils contribuent également à la formation d'ozone troposphérique, un polluant irritant pour les voies respiratoires. Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), une exposition même modérée à ces composés peut exacerber des symptômes respiratoires qui pourraient ouvrir la voie à des problèmes de santé majeurs et potentiellement irréversibles comme le cancer.
Le CO est un gaz incolore et inodore produit lors de la combustion incomplète du bois. Il se lie à l'hémoglobine dans le sang, réduisant ainsi la capacité du corps à transporter l'oxygène, ce qui peut provoquer (s'applique surtout à la combustion à l'intérieur des résidences) :
Des maux de tête, des étourdissements et des nausées à faibles concentrations.
Des troubles neurologiques et cardiaques à des concentrations plus élevées.
Une exposition très élevée peut être fatale.
Santé Canada souligne que les enfants, les personnes âgées et celles souffrant de maladies cardiaques ou pulmonaires sont particulièrement vulnérables aux effets du CO.
Même lorsque nous sommes à l’intérieur, nous ne sommes pas vraiment protégés contre la pollution de l’air extérieur. Bien que les murs et les fenêtres offrent une certaine barrière, la pollution s'infiltre significativement, notamment lorsque la qualité de l’air extérieur est particulièrement dégradée, comme en soirée, la nuit et lors des épisodes de forte pollution. Comme nous passons plusieurs heures dans nos maisons quotidiennement, ces niveaux faibles ou modérés de polluants inhalés de façon prolongée sont à prendre au sérieux.
Les principaux facteurs qui influencent cette infiltration sont l'effet de "cheminée" naturel et l’utilisation des systèmes de ventilation. Pour ce qui est des systèmes de ventilation, ils sont souvent activés aux pires moments, lorsque la pollution extérieure est la plus élevée. Par exemples :
Le matin et le soir, les hottes de cuisine et les ventilateurs de salle de bain sont souvent en marche (pour la cuisson, les douches, etc.), ce qui favorise l’entrée d’air extérieur pollué.
Les foyers au bois créent un effet de cheminée plus accentué, qui tire l’air intérieur vers l’extérieur et oblige la maison à aspirer de l’air de remplacement… qui peut être pollué.
Les échangeurs d’air peuvent être un atout ou un problème : s’ils ne sont pas équipés d’un filtre HEPA, ils peuvent introduire des particules fines dans la maison au lieu de purifier l’air.
L’impact exact dépend du type de construction et de l’isolation du bâtiment, mais dans les cas où aucune précaution n’est prise, les niveaux de pollution intérieure peuvent atteindre des seuils modérés, voire médiocres.
Lorsqu’on parle de pollution de l’air, on pense souvent aux émissions industrielles ou aux gaz d’échappement des voitures. Pourtant, une source importante de pollution se trouve bien plus près de nous : la combustion du bois. Pour mieux comprendre son impact, nous avons comparé la fumée de bois à une autre source de pollution bien connue, la fumée de cigarette.
Les deux types de fumée contiennent des substances toxiques similaires, notamment du monoxyde de carbone (CO), des particules fines (PM2.5), du benzène et des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), qui sont tous reconnus pour leurs effets nocifs sur la santé. Cependant, la fumée de cigarette contient des éléments spécifiques comme la nicotine, le cadmium, le plomb et même du polonium-210, un élément radioactif. À l’inverse, la fumée de bois est particulièrement riche en particules fines et en dioxines.
Si la population est sensibilisée aux impacts de la fumée de cigarette, la fumée de bois est, de façon éronée, encore souvent perçue comme naturelle et inoffensive. Pourtant, les concentrations élevées de polluants qu’elle génère dans l’air ambiant, sont clairement nocives sans que nous puissions lui échapper. Cette réalité est particulièrement pertinente pour Val-David, où le chauffage au bois est largement utilisé. Voir le graphique ci-bas pour comparaison avec la cigarette appliquée à la qualité de l'air à Val-David basée sur cette étude.
En ce qui concerne les feux extérieurs, qu’il s’agisse de feux de camp, de feux de soirée dans la cour ou de feux de camping, ces derniers semblent souvent inoffensifs. Pourtant, la fumée qu’ils dégagent peut atteindre des concentrations étonnamment élevées en particules nocives. Si, après une soirée autour du feu, vos vêtements dégagent encore cette odeur le lendemain, c’est le signe d’une exposition importante, parfois possiblement comparable à l’inhalation de plusieurs cigarettes. Même si ces émissions sont difficiles à mesurer avec précision, il ne faut pas sous-estimer leur impact sur la santé, notamment celle des enfants.