PÉTITION "POUR UN AIR PUR À VAL-DAVID"
La classification repose sur la moyenne des quatre pires heures de pollution de la journée. Les seuils ici sont en effet établis en fonction d'une mesure à l'échelle journalière de la qualité de l'air (AQI US), et non annuelle (pour tableau annuel, voir plus bas). Les quatre pires heures à Val-David sont souvent le soir en saison froide. C'est le plus souvent à ce moment de la journée que nous faisons entrer le plus d'air dans la maison, notamment en utilisant la hotte de cuisine, la ventilation de la douche ou la sécheuse, augmentant ainsi notre exposition à la pollution. En semaine, ces pics de pollution coïncident aussi le plus souvent avec les moments où les gens sont à l’extérieur, que ce soit pour se déplacer ou faire du sport, rendant leur impact particulièrement significatif.
Inscrivez-vous au système d’alerte qui informe automatiquement par courriel lorsque la qualité de l’air atteint des niveaux malsains. Une alerte est déclenchée lorsqu’une moyenne de 100 AQI US et plus est atteinte durant deux heures consécutives.
*Pourquoi parler de "saison froide et chaude"?
Nous avons défini la saison froide comme la période allant d'octobre à mars, pour mieux refléter les habitudes de chauffage au bois qui influencent directement la qualité de l'air. Contrairement aux saisons traditionnelles (printemps, été, automne, hiver), cette période correspond aux six mois où les émissions de particules fines liées au chauffage au bois sont les plus importantes. Pour la saison chaude, elle correspond à la période allant d'avril à septembre, qui n'est presque pas affectée par le chauffage au bois, mais qui est plutôt affectée périodiquement par les feux de rebuts verts et de plaisance, ainsi que par les feux de forêt (juillet-août).
"Environ 80 % des décès attribués à l’exposition aux PM2,5 dans le monde pourraient être évités si les pays atteignaient le seuil annuel de référence." (dernières lignes directrices de l'OMS de 2021)
Ce site a été créé par un groupe de citoyen.ne.s préoccupés par la qualité de l'air dans notre village. Situé dans une vallée et marqué par une forte culture du chauffage au bois, Val-David présente des conditions propices à des épisodes fréquents de forte pollution atmosphérique. Malheureusement, jusqu'à maintenant, la qualité de l'air n'avait jamais été étudiée. Pour pallier à cette situation, nous avons donc installé deux capteurs différents au coeur du village, un capteur IQ Air en 2022, et un capteur Purple Air en 2024, et depuis, analysons les données recueillies.
Ce travail s’est révélé indispensable, car au Québec, les données sur la qualité de l’air dans les zones habitées à l’extérieur des grands centres urbains sont souvent inexistantes. La majorité des stations de mesure se trouvent loin des habitations, parfois même sur des sommets de montagnes éloignés des zones résidentielles (Pour Val-David, le capteur gouvernemental se trouve à Mont-Blanc, dans une zone éloignée). Cette situation prive les petites villes et villages, comme Val-David, d’un véritable portrait local de leur qualité de l’air, malgré une situation surprenamment plus préoccupante que celle d'une grande agglomération comme Montréal, à la lumière des données analysées.
Sur ce site, vous trouverez ainsi des données en temps réel et historiques sur la qualité de l'air à Val-David depuis 2022, ainsi qu’une analyse comparative de la qualité de l'air à Val-David et des données des capteurs PurpleAir depuis octobre 2024 à l'échelle du Québec.
Pour résumer très brièvement les résultats de la cueillette de données jusqu'à maintenant: Val-David se situe environ dans les quatre municipalités affichant les plus hautes concentrations de pollution au Québec pour lesquelles nous avons des données comparables, loin devant Montréal, aussi surprenant que cela puisse paraître. Pour l'ensemble des résultats et de la méthodologie, n'hésitez pas à vous référer aux pages correspondantes sur ce site.
Il est important de savoir que ces niveaux élevés de pollution sont en raison de pics très élevés les soirs, nuits et matins liés aux chauffage au bois résidentiel en saison froide. Nous pourrions nous rassurer en nous disant qu'il n'a pas lieu de trop s'en faire, car nous sommes majoritairement dans nos maisons en soirée et durant la nuit. Ce serait cependant nous tromper, car la fumée entre dans nos maisons par l'effet de cheminée naturel, mais aussi lorsque nous ventilons pour cuisiner, dans nos salles de bain ou grâce à des échangeurs d'air.
Important: Nous croyons qu'il est très important de ne pas personnaliser l'enjeu. Il ne faut surtout pas viser ou culpabiliser les individus. Nous pensons que cet enjeu est par nature collectif, ancré dans une tradition, et que les véritables actions doivent être collectives et entamées à la suite d'une discussion collective. Enfin, pour cette même raison, nous croyons que pour résoudre cette problématique, nous devons être solidaires et prendre des mesures, notamment financières, pour aider les gens à transformer leur mode de chauffage principal.
Pour vous impliquer d'une quelconque façon (toute implication est précieuse, quelle soit petite ou grande) et être mis.e en lien avec d'autres, écrivez-nous à l'adresse suivante: isqavd@gmail.com
Cette carte présente les différents capteurs de qualité de l’air principalement installés par des particuliers et des organismes. Contrairement aux stations gouvernementales souvent situées loin des zones habitées hors des grands centres, ces capteurs offrent une perspective plus pertinente pour connaître la qualité de l'air que nous respirons réellement dans nos milieux de vie.
Cette cartographie vous permet de visualiser la qualité de l’air à l’échelle locale, nationale et continentale, d’utiliser des indicateurs personnalisés pour adapter l’analyse à vos besoins et d’extraire les données de différents capteurs pour de nouvelles analyses.
Ce site a été conçu pour être optimisé sur un écran d’ordinateur. Il fonctionne également sur tablette et téléphone, mais la consultation y est moins optimale, surtout pour explorer certains graphiques et tableaux détaillés. Sur mobile, vous pourriez avoir besoin de "zoomer" pour bien voir certaines données.
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L’un des défis techniques est que nos graphiques et analyses sont générés automatiquement par des scripts, et mis à jour régulièrement. Cela limite les ajustements esthétiques manuels à chaque mise à jour. Si vous avez des compétences en développement web et souhaitez contribuer à améliorer l’accessibilité du site sur mobile, nous serions ravis de vous accueillir dans l’équipe !
Il est intéressant de s’imaginer une usine s'installant en plein cœur du village, produisant de la fumée et faisant drastiquement augmenter la pollution de l’air. Comment réagirions-nous face à une telle situation comme citoyen.ne.s ? Pourtant, les nombreuses cheminées du village fonctionnent quotidiennement, rejetant des polluants inhalés par tous et toutes. Pourquoi cette réalité est-elle acceptée alors qu’une seule source centralisée aurait sans aucun doute suscité une opposition immédiate ? Est-ce parce qu’il s’agit d’une pollution diffuse et généralisée, produite individuellement par chacun, plutôt que d’une source évidente et identifiable ? Quoi qu'il en soit, la situation actuelle demande de revoir notre rapport collectif à la pollution de l’air à Val-David.
Ce qui frappe d'autant plus comme comparaison, c’est la comparaison avec les épisodes de feux de forêt de 2023. Ces événements extrêmes, qui ont marqué l’été par leurs niveaux de pollution très élevés et hautement médiatisés par la santé publique, montrent des concentrations moyennes de particules fines légèrement supérieures à celles des hivers habituels à Val-David. Cela suggère que les niveaux habituels de pollution hivernale à Val-David rivalisent avec ceux d’un été marqué par des feux de forêt sans précédent.
Affiches installées par la MRC des Laurentides il y a quelques années.
Dans la MRC des Laurentides, une affiche intitulée "Respirer l’air frais, c’est dans notre nature" a été largement diffusée et installée dans des lieux publics. Cette campagne visait à sensibiliser la population à l’importance de ne pas fumer de cigarettes, de marijuana ou d'utiliser des vapoteuses dans les espaces publics, comme les parcs.
Bien que cette initiative soit louable, elle met également en lumière une contradiction frappante dans la gestion des questions liées à la qualité de l’air. La santé publique semble concentrer ses efforts sur des expositions sporadiques à des fumées secondaires dans des lieux publics, alors même que la pollution causée par la combustion du bois constitue une menace bien plus grande et omniprésente.
La fumée de bois, particulièrement en saison froide, s’installe dans nos communautés pendant des heures, atteignant des niveaux de concentration extrêmement élevés. Selon certaines études, respirer l’air extérieur dans ces conditions pourrait équivaloir à fumer plusieurs cigarettes. Ce phénomène ne se limite pas à l’extérieur : la fumée pénètre également à l’intérieur des maisons.
Ce paradoxe est d’autant plus frappant que de nombreuses personnes choisissent de s’installer dans les Laurentides, et notamment à Val-David, en croyant à tort bénéficier d’une qualité de l’air exceptionnelle. Il semble cependant que la qualité de l’air en saison froide à Val-David (au cœur du village) soit parmi les pires du Québec, rendant cette campagne de sensibilisation à l’air frais presque ironique.
Cette affiche, malgré ses intentions positives, met en évidence un éléphant blanc dans la pièce : la pollution causée par les poêles et foyers au bois est dans l'angle mort des politiques de santé publique, alors même qu’elle représente une menace significative et quotidienne pour nos communautés.
Dans les dernières années cependant, les choses semblent changer. Les directions de santé publique et autres instances-clés récoltent des données et prennent connaissance du problème. Mais il y a un grand travail de sensibilisation à faire afin de changer cette idée selon laquelle l'air est nécessairement plus pure loin des grands centres !
Le graphique présenté ci-haut met en lumière les variations journalières des polluants dans l’air en saison froide. On observe une augmentation prononcée en fin de journée, lorsque les résident.e.s reviennent à la maison et alimentent leurs poêles et foyers en bois. La concentration diminue graduellement au cours de la nuit, alors que les foyers s’éteignent, pour reprendre légèrement le matin, avant le départ au travail. Cette dynamique reflète les habitudes de chauffage en soirée, mais elle est amplifiée par les inversions thermiques qui emprisonnent les polluants près du sol le soir et la nuit.
Ce phénomène, bien que présent dans plusieurs régions du Québec, est particulièrement marqué à Québec, Saint-Sauveur et Val-David, par exemples, où les épisodes de pollution atmosphérique liés au chauffage au bois sont fréquents et intenses en hiver. En revanche, Montréal a vu une amélioration significative de sa qualité de l’air grâce à des réglementations mises en place depuis plus de 10 ans, qui ont permis de réduire considérablement les émissions.
Les données comparatives montrent que Val-David fait partie des quelques municipalités québécoises présentant les concentrations de pollution les plus élevées en soirée parmi toutes les municipalités étudiées (voir graphique ci haut). En effet, la configuration géographique en vallée de Val-David exacerbe les concentrations de pollution. Les particules ont ainsi davantage tendance à s’accumuler en l’absence de vent et de l'augmentation de la pression atmosphérique le soir.
Il est important de noter que ces observations reposent sur des moyennes et que certaines journées échappent à ce phénomène, notamment lorsqu’il y a suffisamment de vent pour disperser les particules. Cependant, lors de périodes sans vent et avec une inversion thermique, la pollution peut rapidement atteindre des niveaux très préoccupants.
Vue aérienne rapprochée de la station de Mont-Blanc (Saint-Faustin─Lac-Carré)
Vue aérienne de la station de Mont-Blanc (Saint-Faustin─Lac-Carré)
Nous avons produit une carte (ci-bas) qui illustre la répartition des capteurs officiels de qualité de l’air au Québec, incluant ceux installés par le gouvernement provincial et certaines municipalités, comme la ville de Montréal. Ce qui ressort de cette analyse, c’est que, bien que la carte montre de nombreux points rouges indiquant des capteurs situés dans des zones urbaines habitées, ces derniers sont largement concentrés dans les grands centres urbains.
En dehors des grandes villes, les capteurs sont principalement représentés en vert sur la carte. Ces derniers, souvent isolés, se trouvent hors des périmètres urbains, dans des zones éloignées, comme des sommets de montagnes ou des parcs. Par exemple, la station du Mont-Blanc (Saint-Faustin-Lac-Carré), qui est la plus proche de Val-David, est située à des dizaines de kilomètres, en altitude, dans un parc dépourvu de toute habitation. Cette station est pourtant utilisée par le gouvernement pour émettre des alertes de smog dans notre région. Durant l'hiver à Val-David, Environnement Canada émet généralement entre une et trois alertes de smog par saison. Or, en se basant sur des données locales plus précises, on pourrait en émettre au moins une cinquantaine, reflétant mieux la réalité de la pollution de l'air dans la région.
Le problème est que ces stations éloignées ne reflètent pas les conditions locales vécues dans les villages et petites villes. Elles captent uniquement les épisodes de smog à l’échelle régionale ou nationale, laissant de côté la pollution locale, souvent causée par la combustion du bois. À Val-David, cela signifie que des niveaux élevés de pollution passent, la plupart du temps, inaperçus même si la pollution de l’air est extrêmement élevée pour les résident.e.s.
Certaines exceptions existent, comme à Rouyn-Noranda, où des capteurs ont été installés dans des quartiers résidentiels pour surveiller la pollution liée à la Fonderie Horne, ou à Témiscaming, où des capteurs mesurent les émissions de l'usine de pâte et papier Tembec tout prêt du cœur de la Municipalité (en arrêt pour une durée indéterminée : autre dossier...) Cependant, ces cas restent rares, et la plupart des petites communautés n’ont pas de données locales fiables sur la qualité de l’air.
C’est pourquoi il était essentiel d’installer un capteur directement à Val-David. Nous croyons qu’il existe de nombreuses autres petites villes et villages au Québec où les niveaux de pollution sont élevés, mais où cette réalité reste invisible pour les citoyen.ne.s et le gouvernement.
En résumé, cette carte met en lumière un problème systémique : les capteurs du gouvernement sont principalement installés dans les grands centres urbains ou à des endroits éloignés des habitations, laissant de côté les communautés villageoise et les petites villes. Cela représente, selon nous, une erreur majeure de la part du ministère de l’Environnement et des autorités provinciales, qui n’ont pas considéré l’importance de mesurer la pollution là où vivent réellement les citoyen.ne.s.
Cette cartographie en ligne du gouvernement (la plus sophistiquée disponible à ce jour produit par ce dernier) montre bien à quel point à quel point les indicateurs de qualité de l'air en région sont complètement faussés par l'emplacement des capteurs...
Répartition des stations de surveillance de la qualité de l'air officielles (Gouv. du Québec et Ville de Mtl) du Québec selon le type d'environnement (hors et en périmètre urbain).
Récemment, la Direction de santé publique des Laurentides (ou le Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs) a installé de nouveaux capteurs dans la vallée de Saint-Sauveur, disponibles en temps réel sur la plateforme PurpleAir. Les niveaux de pollution relevés à Saint-Sauveur paraissent comparables à ceux de Val-David, voire quelque peu plus élevés.
L’étude mentionnée dans l’article de Radio-Canada (Le 15-18) n’a pas encore été publiée. Il est probable que les chercheurs attendent la fin de l’hiver 2024-2025 pour finaliser et publier leurs résultats. Cependant, en examinant les données actuelles, il semble évident que les concentrations de particules fines à Saint-Sauveur risquent de provoquer une onde de choc. Ces niveaux, extrêmement élevés, pourraient rivaliser avec, voire dépasser, ceux observés à Val-David et surpasser largement les stations existantes des réseaux gouvernementaux installées dans les montagnes... Une telle situation, une fois mise en lumière, pourrait susciter un fort intérêt médiatique d’ici un an. Nous continuerons à suivre ce dossier de près.
Il est probable que ce problème de pollution soit également présent dans d’autres villages des Laurentides situés dans des vallées, où les conditions géographiques favorisent l’accumulation de polluants. La Direction de santé publique des Laurentides est consciente de cette problématique et s’y intéresse depuis plusieurs années, mais les avancées sur ce dossier restent lentes.
Foyer extérieur appartenant à la Municipalité de Val-David
En plus des foyers au bois utilisés pour chauffer les maisons durant l’hiver, un autre phénomène contribue à la dégradation de la qualité de l’air à Val-David : les feux extérieurs. Ces feux, sont souvent allumés lors d’événements hivernaux et sont fréquents devant plusieurs commerces, qui les utilisent probablement pour attirer les client.e.s ou leur offrir un endroit chaleureux où se réchauffer.
Ces feux, bien que festifs et conviviaux en apparence, produisent généralement beaucoup de fumée, venant s’ajouter à celle déjà présente dans l’air en raison du chauffage au bois. Leur impact sur la qualité de l’air locale est loin d’être négligeable, surtout dans un contexte où les niveaux de particules fines sont déjà très élevés en saison froide.
Ce problème est particulièrement préoccupant lorsqu’il touche des lieux où des activités sportives sont pratiquées, comme la patinoire ou la glissade. Les enfants et les adultes, qui s’y rendent pour s’amuser et faire de l’exercice, respirent plus profondément et plus rapidement lorsqu’ils bougent, ce qui les rend encore plus vulnérables à l’inhalation de particules fines. Le fait de faire du sport dans un environnement où la fumée est présente risque d'amplifier les risques pour la santé, surtout pour les groupes sensibles, comme les jeunes enfants.
La Municipalité de Val-David, elle-même, a longtemps contribué à ce problème en utilisant un foyer mobile pour animer divers événements, notamment à la patinoire ou au parc régional. Bien que ce foyer ait été retiré suite à l’intervention d’un citoyen préoccupé par la qualité de l’air au village, ce retrait s’est fait sans communication auprès de la population. Cette décision a été prise de manière discrète, sans explications publiques sur les raisons derrière l’arrêt de ces feux. Cela semble démontrer que la Municipalité ne souhaite pas aborder publiquement la question de la pollution de l’air liée à ces pratiques.
D'ailleurs, il est curieux de constater que la Municipalité a longtemps utilisé ce foyer extérieur pour ses événements communautaires, alors que sa propre politique de 2014 (p.7) prônait la sensibilisation aux impacts des feux extérieurs sur la qualité de l’air.